Le temps horloge et le temps psychologique : comprendre les deux rythmes qui façonnent votre vie

Il existe, dans l’expérience humaine, deux façons de vivre le temps, deux manières de sentir l’écoulement de la vie, deux rythmes souvent confondus mais pourtant radicalement différents, et l’une des raisons pour lesquelles tant de personnes se sentent pressées, en retard, inquiètes ou épuisées, vient justement du fait qu’elles ne savent plus distinguer ces deux temps, ni reconnaître lequel parle en elles à un moment donné, et c’est seulement lorsque vous faites cette distinction, avec honnêteté et clarté, que vous commencez enfin à reprendre la maîtrise de votre vie intérieure.

Le premier de ces deux temps est le temps horloge, celui que tout le monde connaît parce qu’il se mesure, se compte, se divise; il est stable, logique, précis, il ne dépend d’aucun état d’âme, il avance à la même cadence pour chacun, et il vous donne simplement les repères nécessaires pour organiser vos journées, anticiper vos activités, et vivre en coordination avec les autres. Le temps horloge est un outil, un cadre, une structure. Il n’a aucune intention, aucun message, aucune pression. Il ne vous demande rien. Il dit : « il est huit heures », et rien de plus.

Le second temps, beaucoup plus subtil et pourtant infiniment plus déterminant, est le temps psychologique, ce temps que votre esprit fabrique à partir de vos souvenirs, de vos projections, de vos regrets, de vos espoirs, de vos comparaisons, de vos interprétations, et ce temps-là, contrairement au premier, n’a ni constance ni logique, car il dépend de vos pensées, de votre état intérieur, de vos émotions, de la manière dont vous reliez ce que vous vivez à ce que vous avez vécu ou à ce que vous croyez devoir vivre demain.

Le temps psychologique est ce temps qui s’étire lorsque vous êtes inquiet, qui s’accélère lorsque vous êtes distrait, qui alourdit un passé pourtant terminé, qui assombrit un futur encore vide, et qui crée cette impression étrange d’être constamment « en retard » sur quelque chose d’invisible, comme si vous deviez rattraper une version de vous-même que vous n’avez jamais vraiment définie. Il est la source d’une grande partie des tensions modernes, car il vous fait croire que vous manquez de temps, alors que ce n’est pas réellement le temps qui manque, mais la paix intérieure qui vous permettrait de le vivre autrement.

Robert Collier disait que la plupart des personnes vivent entourées d’abondance sans jamais la voir, simplement parce qu’elles ne savent pas où regarder, et il en va de même avec le temps : vous vivez dans un présent plein, solide, stable, mais votre esprit reste accroché à un passé qui n’existe plus ou à un futur qui n’existe pas encore, et c’est cette habitude de quitter le moment réel qui crée la sensation de manque. Ce n’est pas la vie qui va trop vite, c’est l’esprit qui ne cesse de courir devant elle ou derrière elle.

Lorsque vous êtes dans le temps horloge, vous êtes dans le réel, dans l’action possible, dans ce qui peut être fait maintenant ; lorsque vous êtes dans le temps psychologique, vous êtes dans l’interprétation, dans l’anticipation, dans la comparaison, dans l’histoire que vous racontez autour de ce qui vous arrive. Et tant que ces deux temps sont mêlés, vous ne savez plus ce qui vient de la réalité et ce qui vient de la pensée, ce qui vous oblige réellement et ce qui vous oppresse intérieurement, ce qui doit être fait et ce que vous croyez devoir être.

La clé, comme toujours, se trouve dans l’instant présent, parce que c’est le seul endroit où les deux temps peuvent être distingués: ici, maintenant, vous pouvez voir que l’heure n’a rien d’inquiétant, que la tâche devant vous n’est pas insurmontable, que la seconde qui passe n’est ni trop courte ni trop longue; c’est seulement lorsque la pensée y ajoute le poids du passé ou l’ombre du futur que l’instant perd sa simplicité, et c’est pourquoi revenir à ce moment précis, encore et encore, devient une pratique de clarté autant qu’une pratique de tranquillité.

Lorsque vous apprenez à séparer ces deux temps, quelque chose de profond change en vous : vous cessez de vous battre contre la vie et vous commencez à reconnaître ce qui appartient à votre esprit, vous arrêtez de croire que vous manquez de temps et vous découvrez que vous manquiez surtout de présence, vous vous détachez de la pression invisible que vous mettait votre propre imagination et vous revenez à la réalité concrète, où chaque action se fait une à une, sans drame, sans surcharge, sans urgence artificielle.

Et c’est peut-être cela, le véritable sens de cette prise de conscience: comprendre que le temps psychologique n’a d’existence que lorsqu’on s’y attache, que ses histoires se dissolvent dès que l’on revient au réel, et que le moment présent, cet endroit si simple que l’on ignore trop souvent, est la seule plate-forme solide sur laquelle on peut construire une vie plus droite, plus saine, plus lucide.

“Avec Amour”. — changer ma vie

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L’instant présent : la plate-forme intérieure d’où tout se construit